La Cour suprême et les prestations de maternité dans la gestation pour autrui : quand la loi s’intéresse à l’enfant et non au contrat. Partie 1

La Cour suprême et les prestations de maternité dans la gestation pour autrui : quand la loi s’intéresse à l’enfant et non au contrat. Partie 1

En Espagne, la gestation pour autrui (GPA) demeure un sujet controversé, tant sur le plan moral que juridique. Le cadre juridique actuel est clair : les contrats de GPA sont nuls et non avenus . Ce principe est établi par l’article 10 de la loi relative aux techniques de procréation assistée, et a été confirmé à plusieurs reprises par la Cour suprême.

Pour les tribunaux civils, ces accords portent atteinte à la dignité de la mère porteuse et remettent en cause l’ intérêt supérieur de l’enfant . Par conséquent, l’Espagne n’enregistre pas automatiquement les enfants nés de GPA à l’étranger et ne reconnaît pas les résolutions validant ces contrats.

Mais la situation change lorsque les droits sociaux des enfants entrent en jeu.

Car au-delà du débat éthique autour de cette pratique, le système ne peut ignorer une réalité : certains enfants nés par gestation pour autrui ont besoin de protection.

En jeu la doctrine de la Cour suprême sur la sécurité sociale , qui, sans légitimer la gestation pour autrui, a ouvert une porte – petite mais significative – pour protéger les mineurs nés dans ces circonstances.

Une décision qui a changé l’orientation

Le tournant a commencé en 2016, lorsque la Chambre sociale de la Cour suprême a statué sur deux affaires marquantes. Dans les deux cas, des parents espagnols avaient eu recours à la gestation pour autrui à l’étranger et demandaient des prestations de maternité à la Sécurité sociale.

  • STS du 25 octobre 2016 (RCUD 3818/2015)
    L’affaire a débuté en Californie. Un père espagnol est revenu avec son enfant né d’une gestation pour autrui et a demandé des prestations de maternité. Jusque-là, la règle était appliquée à la lettre : sans naissance, pas de maternité. La Cour suprême a décidé de rompre avec ce modèle. Elle a reconnu le droit du père à bénéficier de ces prestations, interprétant l’objectif de la loi non pas comme une récompense pour la biologie, mais comme une protection de l’enfant . C’était une décision historique.
  • STS du 16 novembre 2016 (RCUD 3146/2014)
    À peine trois semaines plus tard, la Cour a statué à nouveau. Et cette fois, elle s’est montrée plus ferme. Elle a déclaré que le refus de l’allocation placerait l’enfant dans une situation de négligence , contraire aux articles 14 et 39.2 de la Constitution, qui protègent l’égalité et la famille. Le message était clair : les droits de l’enfant doivent primer sur la manière dont il est venu au monde.

la cour supreme gestation

Les tribunaux qui ont ouvert la voie

Avant même que la Cour suprême ne se prononce, certains tribunaux inférieurs s’étaient déjà montrés sensibles à ce dilemme juridique.

  • En 2014 , la Haute Cour de justice de Madrid a accordé des prestations de maternité à un père suite à une procédure de gestation pour autrui en Inde.
  • En 2015 , la Cour supérieure de justice du Pays basque a fait la même chose avec les prestations de paternité.
  • Et en 2019 , le XIe Tribunal Social de Bilbao a consolidé cette ligne avec un jugement qui a renforcé l’idée que le but ultime des prestations est le bien-être du mineur.

Ces résolutions furent comme les premières gouttes avant la pluie : elles marquèrent un changement de mentalité que la Cour suprême transforma finalement en doctrine.

Un changement de perspective : de la mère à l’enfant

Les décisions de 2016 n’ont pas approuvé la gestation pour autrui, mais plutôt la reconnaissance tacite de quelque chose que le système ne peut ignorer : les enfants sont déjà là et ils méritent d’être protégés.

La Cour suprême n’a pas modifié la loi ; elle a changé la perspective. Auparavant perçue comme une atteinte à l’ordre public, elle est désormais perçue comme une question de protection sociale et de droits de l’enfant.


14 octobre 2025

Artículos nuevos

Vous voulez plus d’informations?

Nous vous aidons sans engagement

Phone
Que recherchez-vous ?